samedi 6 mars 2010

Changer

Pour cette édition de mars de « à la croisée des blogs » du collectif « développement personnel » relayer ce mois ci par DocG du blog en pleine conscience, j’aimerais vous faire part de ma réflexion sur le thème imposé du changement et dont l’intitulé est : Est-il vraiment possible de changer ?

C’est sûr pour moi, si vous vous posez la question directement sous cet angle et sans interroger une part de votre conscience, le changement est tout simplement impossible. Car vous resterez constamment identifié à l’image fictive de votre Moi. De cette manière, tout au long de votre entreprise de changement, vous allez vous engager à renforcer étape par étape et successivement cette image de vous-même, gonflée par votre mental, lui-même, identifié à vos modèles. Ce qui finira inévitablement par vous mettre dans un stress et de plus en plus mal à l’aise. Vous ne pourrez pas très longtemps vivre artificiellement en confondant une histoire fabriquée par votre mental et votre vraie nature, votre essence de vie. Très rapidement, votre organisme vous lancera des alertes somatiques auxquelles il vous faudra répondre par de promptes acuités et par des actions adaptées pour conserver votre sérénité et votre équilibre. Sinon, ce sera l’accident.

Alors, la question la plus pertinente et raisonnable pour moi à poser, je la formulerais de cette manière.
Pour quoi (en deux mots) changer ? Mais immédiatement, me vient une autre question !
Qu’est ce que le changement ?

Un changement implique deux constats clairement ciblés :
  • qu’il y ait une insatisfaction, un inconfort, un malaise et un renoncement conscient d’une part initiale pour une autre
  • qu’il y ait alors un déplacement de l’objet initial vers un autre, créant ainsi une nouvelle situation.
Le changement ne se décrète pas, il se vit
Changer ne veut pas dire se défaire de ce que vous avez appris pour le remplacer par d’autres modèles pour toujours alimenter l’image fictive de vous-même que vous vous efforcez de montrer.
Changer, ce n’est pas faire le contraire ou se positionner à l’opposé de ce que vous faisiez auparavant. Sous cette vision, le changement correspond à un changement de niveau 1, et rien ne garantira son succès, sauf à rester dans la répétition de l’échec qui interviendra à plus ou moins long terme. Inutile de gaspiller vos forces et votre temps dans ce changement ou d’y voir un nouveau défi personnel.

Changer, c’est avant tout se positionner définitivement sur ses propres valeurs et les clarifier, pour construire le renouveau de sa vie.
Changer c’est reprendre ses pouvoirs authentiques :
1- en repérant et en éliminant les schémas, les modèles, les principes, les préceptes, les concepts, les croyances et les mythes populaires et traditionnels qui ne vous appartiennent pas,
2- en devenant conscient de l'autonomie émotionnelle de votre cerveau. En claire, et contrairement à nos croyances, ce n'est pas vous qui pilotez la réaction primitive.

Surtout ne pas vouloir SE changer, mais vouloir devenir qui on est dans notre essence et non celui que l’on croit être depuis notre naissance, car accepter intellectuellement ou mentalement, c’est croire.

Le changement est d’ordre situationnel (les lieux, le nouveau patron, les nouveaux rôles de l'équipe, la nouvelle politique, le nouveau partenaire, la nouvelle situation, …) et il englobe plusieurs niveaux (structurel, organisationnel, systémique). William Bridges

Changer c’est agir sur le système.

Changer signifie créer des modifications dans son comportement qui va agir sur tout notre système de vie et d’équilibre et va prendre la forme d’un nouveau comportement.
(changement de niveau 2).

Exemple archaïque de comportement :
Imaginez-vous conduire une auto, la plus belle si vous voulez, au stade de l’identification !!! Vous roulez sur une route plate et droite à 100 km/h. Subitement, la route va devenir montante. Que va-t-il se passer ? La vitesse de l’auto va ralentir évidemment !
Quel sera votre premier réflexe ? Appuyer sur l’accélérateur pour compenser le ralentissement. Mais la montée de la route va encore s’accentuer, la cadence de l’auto va encore décroître. Donc, même réflexe, appuyer un peu plus sur la pédale. Vous allez répéter ce même geste pour vouloir garder votre cadence (votre acquis). Plus la route va grimper, plus vous voudrez maintenir votre rythme. Cette attitude de reproduction égale est appelée en systémique un changement de niveau 1.
Jusqu’au moment où le moteur ne pourra plus subir votre comportement aveugle et entêté, au mieux, il va caler, au pire, exploser. Pour qu’un changement devienne efficace et maintienne un équilibre sain et sans danger, vous allez devoir créer un nouveau rapport et agir sur le système. Vous allez actionner le levier de vitesse (c’est un changement de niveau 2). Votre régime sera alors plus confortable pour la mécanique. Je passe là sur les détails créatifs qu’il aura fallu mettre au point pour trouver ce nouveau rapport. Ce changement de vitesse se fait en rétrogradant le couple moteur/roue. Or, je suppose que la plupart du temps dans la vie, si vous souhaitez le changement, ce n’est pas pour envisager de rétrograder votre rapport à la situation, (vos acquis) mais pour l’améliorer. Dés le départ, vous êtes confronté à ce paradoxe …

Explication
La difficulté dans un changement de niveau 2, pour réellement créer le changement, réside à désapprendre les modèles anciens ancrés et existants qui ont eu pour effet de former un faux équilibre apparent (par exemple : préférer le plaisir pour éviter la souffrance) qui a surtout aliéné la personne dans son fonctionnement.
La plupart de ces modèles sont le fruit et la résultante de facteurs archaïques ou de pulsions ancestrales que nous avons été contraints d’admettre par obéissance inconsciente à un ordre établi depuis notre enfance. Ils peuvent être d’ordre générationnel, familial, culturel, spirituel, social, scolaire ou universitaire. Ils restent au niveau groupal et sont rarement individués. Ils ont opéré sur vous un conditionnement de façon isolée ou conjuguée et ont crée au fur et à mesure et insidieusement une fonction et un rôle auquel vous vous êtes identifié et que vous ne voulez en aucun cas remettre en question puisque vous le croyez juste!

Changement et transitions
Tout changement de niveau 2 dans un système passe par des transitions. Nous l’avons vu, le changement est situationnel et externe à la personne quand les transitions sont internes.
« À moins qu'il n'y ait transition, le changement ne se produira pas. » William Bridges
Ces transitions sont souvent vécues dans de fortes douleurs, dans un lâcher prises violent suite à un chaos. Ils mettent l’individu à l’épreuve où il est sans certitude de retrouver une nouvelle position confortable immédiatement après. Son identité apparente est défaite et ne correspond plus à rien. Il ressent seulement dans son secret qu’il ne peut plus parader ou continuer à jouer ce rôle qui est la conséquence de sa défaite. Dans une situation d’impasse ou d’échec, quand vous n’avez en apparence plus de pouvoir ou de choix sur la situation, il vous reste encore celui de dire Non. C’est ce qui provoque le changement.
Au début, se confrontant au vide de l’inconnu, chaque approche du changement 2 par de saines transitions représente un inconfort et une insécurité souvent pire en comparaison à l’état initial. Généralement, cette métamorphose est lente à produire des effets positifs reconnaissables pour admettre un vrai changement. Pour certains, impatients et rigides, sans espoir visible et tangible, restant contrôlés par un rationnel de référence, et choisissant le plaisir immédiat et la facilité, ils renonceront rapidement, jusqu’à faire éclater le moteur et répéter la même conduite. Les changements 2 ne voient jamais le jour pour eux, préférant la peur connue de perdre, à la joie inconnue de gagner. La souffrance endurée chez eux n’ayant pas encore atteint son paroxysme dans le chaos, ils répéteront ce pattern inlassablement puisqu’ils y sont identifiés. Ainsi, quelqu’un qui est identifié à des complexes d’abandon, d’alcool, de violence psychologique ou physique, de drogue ou pris par des comportements anxiogènes ou de colère, de conduite à risque, d’empressement, de perfectionnisme ou de paraître, continuera dans cette veine.

Certes, le passage de ces états transitionnels est souvent difficile pour l’intégration des nouveaux ancrages. Pour ceux des plus courageux et déterminés à quitter ce cycle infernal, ces transitions s’opèrent sur du long terme par des deuils successifs, des allers retours et des renoncements pour voir apparaître enfin, un soulagement à leur souffrance, quelque fois longtemps après l’évènement générateur du chaos. Ils pourront alors trouver comme une forme de résilience au bout de leur chemin d’éveil. Et plus rien ne sera pareil pour eux à la suite de cette transformation.

Espoir et renaissance
Dernièrement dans la presse, j’ai lu la déclaration d’un ancien premier ministre français déchu de ses pouvoirs, suite à une affaire de financement de partie politique. Il reconnaissait que s’il a échoué, c’est parce qu’il a « voulu aller trop vite ». Au fond de moi, j’ai apprécié cet aveu de sagesse de sa part au grand public. Pour moi, il en sort grandi. Alors, tout espoir n’est pas perdu.
Vous connaissez tous cet adage populaire « qui n’avance pas recule ». L’être humain est condamné à cette évolution, s’adapter à une nouvelle proposition de vie individuelle et collective ou mourir.

Ceci peut être comparable à l’histoire de l’évolution des espèces et à celle de l’être humain au travers le temps pour qu’aujourd’hui, il s’éveille enfin avec ses intelligences. Toute l’histoire moderne de l’humanité, depuis la découverte de l’écriture (3200 ans av JC, marquant le deuxième grand changement créatif de niveau 2 de l’espèce humaine, après la découverte du feu), s’est fixée sur ces modèles triviaux, pour aboutir au 20 siècle, représentant le sommet de l’inconscience et de la crédulité de ce concept du tout rationnel.
Je soupçonne que la plupart d’entre les individus et au fond d’eux-mêmes, secrètement, souhaite le changement rien que pour se libérer de la représentation du monde qu’ils se sont fabriqués, de son attachement, de son accaparement, de sa cupidité, de son indigence et de sa peur. Et peu importe, que vous soyez une personne importante ou non sur le plan extérieur. Jusqu’à présent, c’est le monde qui vous dit que vous êtes important ou non. C’est lui qui scelle votre réussite, votre insignifiance ou votre chute.

Nous avons vécu jusqu’à ce 21ème siècle dans un monde fou et vous avez cru ce monde fou. Vous avez attendu, espéré et permis de ce monde fou qu’il vous dise que vous êtes important. Et vous l’avez cru !!! Quelques temps plus tard, ce même monde vous dit que vous n’êtes plus important pour X raisons (perte d’emploi, divorce, limite d’âge, …), mais vous avez perdu votre position. Et entre temps, quelqu’un d’autre a pris votre place. Le malheur, c’est que vous vous étiez identifié à cette position, à ce rôle.

À l’échelon groupal et international d’une recherche de reconnaissance, nous savons aujourd’hui que nous sommes tous concernés et impliqués dans la globalisation pour les générations futures et le sort de notre planète.
Quel est le sens de la domination et du pouvoir dans cette perspective ?
Comme réponse, cela équivaut à dire, de ne plus reproduire le modèle de nos ancêtres et renoncer aux guerres fratricides, aux meurtres, à la vengeance, à la jalousie, à la convoitise du bien de l’autre, au pouvoir de l’un sur l’autre, du toujours plus et de vouloir constamment être ailleurs que là où nous sommes pour en savourer les délices.
Ainsi le disait cet éminent petit bonhomme nommé Gandhi : « commence à incarner le changement que tu voudrais voir chez les autres ».

Pour conclure et enfin répondre à cette question cruciale du début ; « est-il vraiment possible de changer? », je vous livre ici cette réponse qui n’engage que moi, comme « éloge de la fuite » ou de l’éveil.
« Tant que l’on aura pas diffusé très largement au travers les Hommes de cette planète, la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont il l’utilise et tant qu’on aura pas dit que jusqu’ici c’était pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quelque chose qui change. » Henri Laborit

De tout cœur et humblement avec ouverture, je souhaite bon courage à tous ceux qui choisissent le chemin de l’éveil, de la connaissance de soi et du développement personnel par de saines pratiques pour changer, plutôt que préférer l’apparente facilité des modèles auxquels ils s’identifient pour continuer de jouer un rôle falsifié dès le départ.
Tôt ou tard, nous sommes tous confrontés et exposés à l’expérience du changement de niveau 2. La mort nous dépouille de tout ce qui n’est pas nous. Votre compte en banque, vos biens matériels accumulés, vos titres ou votre position sociale ne vous seront d’aucun secours. Alors, à quoi cela vous servirait-il d’être le plus riche du cimetière ?
Ce nouveau millénaire rempli d’espoir et de scepticisme, mûri par l’avènement de la crise économique et écologique mondiale, produit d’un rationnel fou et loin d’être résorbée, indique aux sages effrontés les plus clairvoyants, la voie d’une nouvelle perspective de changement porteur de sens, celui de notre renouveau personnel pour le bien de tous.

2 commentaires:

  1. Changer oui, mais en mieux alors! un bon départ peut être de commencer à faire le bien autour de soit et le dire sur VDA.

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  2. Oui faire le bien, mais d'abord à soi-même. Comme le funambule sur son fil, comment pouvez vous imaginer qu'il puisse donne du plaisir autour de lui s'il n'est pas lui-même assuré d'être en pleine possession de ses moyens ?

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